Elle a grandi, (1700 mots) nouvelle du match #15

Match avec les amis des IMA, trois contraintes :
Thème : La chose est cachée
Objet/personange : La petite boutique de l’ouvrière
Lieu/événement: “Oh non ! C’était seulement un rêve !”
Durée : 2h

(Participants au match : Jérôme, Hélène, Agathe, Fabien, Maxime)

Elle a grandi

par Fabien

Altéa était intriguée. Cela l’agaçait, car elle avait envie d’arborer l’indifférence la plus totale. Elle voulait qu’on la voie s’ennuyer, dépérir et s’enfoncer dans une apathie durable. Au lieu de ça, elle écoutait sa mère avec attention et scrutait la moindre de ses réactions. 

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Répétition à tire d’aile (1200 mots), nouvelle du match 14

Match d’écriture des amis des IMA, session 14 ! Trois contraintes :

Lieux/événement : Apocalypse baby !

Thème : Le monde menacé par une phrase d’un perroquet

Objet/personnages : Un.e idol

Durée d’écriture : 1h30

Répétition à tire d’aile, par Fabien

On frappe à la porte. Lucia Janmin, agent en chef de la cellule diplomatique secrète, se lève de table et va ouvrir. Elle découvre Dan Marceau, son jeune collègue. Il a l’air un peu ridicule, habillé en civil, dépenaillé dans son T-shirt du groupe de Hard Rock Metal « Hardcore Arc-en-ciel ».

– Dan, que faites-vous là ? Il est onze heures du soir.

– Je suis désolé Lucia, je n’arriverai pas à vous joindre et cela ne pouvait pas attendre.

– J’étais en famille… repos, vous savez… vous n’avez pas pu joindre les collègues en veille ce soir ?

– Ils pourraient être dans le coup… je ne peux plus faire confiance à personne. J’ai besoin de vous.

Lucia fronce les sourcils. Elle sait que Dan Marceau ne la dérangerais pas pour rien.

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Ensemble pour toujours, 700 mots, pour le match 12

Avec les amis des Ima, le 10 juillet. Trois contraintes à respecter :
• Personnage animal, non-humain
• Dans un rayon de soleil
• Début malheureux, fin heureuse
Durée d’écriture : 1h30.

Ensembles pour toujours, par Fabien

Un presque-vert se tient dans l’arbre, comtemple les corps inertes de ses camarades. Morts dans leurs nids au creux des branches, ou tombés dix empans plus bas, sur le sol terreux où des charognards remuent déjà leurs caracasses.

Le clinquement des ferrailles de légionnaires est en train de disparaître au loin.

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Le Poison de la peur, 3500 mots, nouvelle du match #10

Nous avions fait ce match en ayant en tête l’appel à texte d’une maison d’édition. La contrainte était que la première phrase soit “Une fumée épaisse recouvrait le village”, en 3500 mots maximum. J’ai eu du mal à descendre sous cette limite !
Version 1-6 du texte.

Le Poison de la peur, par Fabien

Une épaisse fumée recouvrait le village. Au pied de chaque porte, sous chaque volet clos, un brûloir rougeoyait de flammes sombres. Leurs volutes obscurcissaient l’air. Leur puanteur âcre était leur raison d’être : elle repoussait les serpents.

La jeune Alice était claquemurée dans l’une des cahutes, avec trois adultes depuis deux jours. Grand-mère et Maman se disputaient souvent, Papa restait assis le regard vide à côté de la fenêtre, son glaive prenant la poussière contre le mur.

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Un message à travers les âges, (800 mots) micromatch 23 mai 2020

Match avec les amis des IMA, trois contraintes :
Mot : Conquérir
Genre : Bangsian fantasy
Emotion : Anticipation

500 mots, 1h

(Bangsian fantasy : fantasy of the afterlife in which the ghosts of various famous men and women come together and have various, usually genial, adventures” On a découvert pour l’occaz…)

(Auteurs ayant participés : Fabien, Agathe, Hélène, Audrey, Amou)

Un message à travers les âges, par Fabien

– Qu’est-ce que conquérir ? Que pouvons-nous posséder, que pouvons entre nos doigts tenir et de nos caresses chérir, avant que bien vite la chair ne se fripe, que les tendons ne se disloquent, que les os ne s’arthrosent, avant que demain la pourriture ne réclame sa livre de chair ?

L’encore-vivant est pétrifié par mon apparition. En face de moi il a regard livide et n’a pas encore osé reprendre son souffle. Je tournoie sur moi-même en riant, traversant au passage quelques objets de la pièce et le poteau de la tente.

– Je te le dis, ô vivant, toi qui veux posséder le monde, entends mon avertissement à travers les éons ! Moi dont les chairs sont rongées par les vers et dont les yeux ne sont plus que des orbites noires, autrefois j’étais un conquérant couvert de l’or rutilant et des étoffes mirifiques arrachées aux vaincus.

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Nouvelle par Audrey S. : Du Feu dans les veines

Texte par Audrey S. écrit dans le cadre d’un match d’écriture. Les contraintes étaient d’écrire une nouvelle d’historical fantasy de 550 mots (+/- 10%) en 1h. Le mot “pétrolière” devait apparaitre dans la nouvelle et celle-ci devait révèler un sentiment de tristesse. 

Je me sens vide. Comme morte à nouveau. Moi qui voulais me venger et en finir avec tout ça. Mais je ne vaux pas mieux qu’eux finalement. Sauver cette femme du sort que j’ai moi-même subi aurait pu m’amener la paix. Mais en lisant le journal ce matin, je n’ai ressenti que de la tristesse et de la honte.

Plus de deux cents ans après ma mort, c’est moi qui la sème. Continuer la lecture de « Nouvelle par Audrey S. : Du Feu dans les veines »

Laisse-moi t’aider (4800mots)

Une nouvelle écrite en 2015 dans l’univers de mon roman “Les Prisonniers de la Voûte étoilée”, PVE.

Elle n’avait pas sept ans, elle marchait seule dans une nuit éternelle.

La fatigue saccadait son pas, le froid avait gercé sa peau, mais entre ses masses de cheveux sombres son regard ne faiblissait pas.

Incandescance d’une maturité trop tôt acquise. Elle etait la seule leur que je croisa dans la nuit.

Le soleil était à cette époque deux fois plus petit que la Lune. Les plantes les plus résistantes étaient mortes peu après que les océans aient gelés.

La race humaine m’avait chargée de la résurrection de la Terre.

J’étais en mille endroits à la fois, je volais jusque l’orbite et nageais profondément dans l’écorce terrestre. Je bâtissais des monts et une merveille, la plus grande de toutes celles jamais imaginée par le genre humain.

Je cru pouvoir l’aider. Je savais fusionner des atomes ou construire en série des tours de mille kilomètres de haut ; aider une petite fille était à ma portée.

Je la découvris un jour que je volais entre le Sri Lanka et la France. Je la vis se faufiler dans un ancien entrepôt. Une fraction de moi descendit du ciel pour
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Plus on regarde, moins on voit de licornes (2030 mots)

Match d’écriture Imaginales 2019. Contrainte “Plus on regarde, moins on voit.” Deux contraintes supplémentaires que j’ai piochées au hasard : « abattoir de licorne » et « sommet du mât ». 2h d’écriture environ.

Fabien NICOLAS, 24 mai 2019, Épinal. Retravaillée ensuite.

Plus on regarde et moins on voit de licornes.

Plus vite je saute, plus vite j’échapperai au froid et à la noirceur. Une impulsion irrépressible m’a amené en haut de cette balustrade rouillée, seulement suspendu aux haubans torsadés du pont. Mais dans l’air humide du fleuve, alourdi par mes seize kilos de plombs aux chevilles, debout au bord du vide, je ne parviens pas à lâcher prise. Continuer la lecture de « Plus on regarde, moins on voit de licornes (2030 mots) »

Brève : Je viens après (300mots)

A l’origine, un essai en 30′ pendant d’un atelier d’écriture. Un peu retravaillée ensuite quand même. J’essaye des effets, dites-moi si ça passe…

Contrainte de l’atelier sur la première phrase “Je vois le monde avec les yeux de mon nom”. Phrase que j’ai d’ailleurs un peu changée…

Je viens avec mon nom. Fabien, du latin Fabius, la fève. Légumineuse grasse.

Je levai la tête quand la maîtresse distribuait les copies, qu’elle appelle mon nom ou pas, qu’elle s’adresse à moi ou à un autre, du moment qu’elle commentait suffisamment fort une mauvaise note : “Pas bien ! Pas Bien !”

J’ai vu mes parents, assis sur l’herbe à Fontainebleau, chercher un prénom pour ma petite sœur. Alors je les vois aussi avant ma naissance, au soleil sur cette nappe, parmi ces restes de pique-nique, à énumérer des prénoms jusqu’à celui qui s’impose, celui de toute une vie. Un instant après, ma sœur s’appelait Marion, quelques instants plus tard c’était une petite fille joyeuse qui ânnonait les mots, tâtonnait pour former des phrases, et mâchonnait mon prénom sans parvenir à le prononcer : “Païen, païen !”

Pas exactement l’intention parentale.

Et pourtant peut-être y a-t-il une thématique cachée, puisque eux pensaient à une autre forme d’impiété, celle du Colonel Fabien qui, en 1941 à la station Barbès-Rochechouart, se rebelle contre l’envahisseur en ôtant une vie de deux coup de pistolets, caché par la courbure prononcée du quai de la ligne 4, fuyant par la ligne 2 aérienne. L’Allemand meurt, le Parti Communiste Français vient d’entrer dans la résistance armée.

Mais le nom “Barbès-Rochechouart” renvoyait d’un homme politique trop prestigieux pour qu’on accepte, après la guerre, de rebaptiser le lieu en mémoire de l’acte, alors la commémoration est reportée ailleurs, sur un arrêt de métro jusque là affligé d’un simple nom commun, la station “Combat”.  Ainsi sont baptisés la place et le métro “Colonel Fabien”, à l’endroit exact où avait résistée l’ultime barricade des Communards en 1871 et là où on érigerait un jour le siège du parti Communiste, cimentant un siècle et demi de combats contre l’oppression, pour le triomphe de la liberté et pour l’arrivée, enfin, de nouveaux avenirs magnifiques.

Je viens après.

Séance 20 : le cadre pour ambiance

 

Bonne nouvelle

Les murs étaient peints d’un bleu vif, surréaliste, celui-là même dont les graphistes affublent le ciel dans les publicités pour les vacances à la mer. Dans les coins, des nuages gris ternes tendaient à apparaissaient à mesure que le temps faisait son œuvre, mais des couches de peinture récentes gardaient vaillamment le panorama presque immaculé, et le conserverait sans doute ainsi indéfiniment.  Des tableaux photographiques étaient accrochés un peu partout, fenêtre ouvertes sur le monde qui agrandissaient autant l’espace que ne le faisait les grandes baies vitrées.  Il y avait ainsi en ces lieux en plus de la petite arrière-cour aménagée pour prendre des apéritifs, un champ de blé dorant sous un soleil de midi, une gare allemande recouverte de graffitis montrant des femmes, des cœurs, ou encore le visage en aplats noir et blanc d’un adolescent dévasté, sans doute en train de découvrir les plaisirs de la vie et de la maturité.

La forme en U de la pièce semblait fantaisiste, comme une plaisanterie de l’architecte. Derrière le petit bar, dans le bras droit de la salle, des alcools avait été soigneusement alignés et attendait les soirs de fête, quand il faudrait servir à la volée des dizaines de convives.

Je vais te tuer

Le rugissement des voitures sur la chaussée était terriblement lointain, supplanté même par les impacts des gouttes d’eau dans l’évier. La salle était encombrée d’un labyrinthe de chaises, de tables et de plantes, et les tableaux aux murs semblaient prêts à se décrocher, à tomber et à assommer les imprudents. La saturation de l’espace rapprochait les murs et le plafond, pour former en une petite boite de conserve dont le couvercle s’était refermé sur Eliot. Les parois peintes trop lisses n’offraient aucune prise, la lumière trop crue n’avait aucun attrait, elle ne cachait rien de la moquette délavée et sans intérêt, une vielle moquette industrielle, sans doute rugueuse, entre les fibres, emplies de poussière.  Les vitres incassables ne montrent qu’un extérieur inaccessible, glacial.

Bonne nouvelle, monologue intérieur

Raccrocher. Mais garder le téléphone en main. Ne pas faire l’erreur de le poser, ne pas tout gâcher. Le soleil brille, j’ai du temps devant moi, je suis assis, au chaud. Tout est bien, tout a toujours été parfait, tout n’a été qu’entrainement pour faire de moi quelqu’un prêt à saisir ce bonheur à pleine main, tout est justifié.

Cela valait la peine de faire des efforts, de se relever après les coups. Même quand cela avait l’air de ne plus avoir de sens, en fin de compte, cela en avait, c’est évident à présent. Tu souris béatement Eliot. Bah, on s’en fiche, c’est bon de sourire, de se laisser aller. Tout se passerait bien maintenant. Il y a beaucoup de travail bien sûr, mais chaque tache sera une note de musique et leur symphonie coulera d’elle-même, fracassante et grandiose.  On sera heureux, ensembles, chez nous. Un nid douillet ! Au fond j’ai toujours pensé que c’était ce dont j’avais besoin. Si j’ai voyagé, c’était juste pour mieux apprécier de m’installer. On pourra peindre la chambre du petit en bleu, un beau bleu azur qui libère l’esprit. Chaque pièce aura sa couleur : de la joie rose pour la chambre, de la gourmandise orange pour la cuisine et de la concentration blanche pour le bureau. Peut-être même un motif géométrique, avec de grandes lignes pour se projeter en avant, avoir des fulgurances. Quelle efficacité j’aurais la journée au travail, en sachant qu’une maisonnée pareille m’attend !